Varices et Chirurgie par le Docteur Gorny

ACCUEIL

Consultations et soins phlébologiques Bilan et décision opératoire Quel est votre cas ? Une clinique dotée d'équipements de pointe Intervention Visite post-opératoire et résultats

Consultations et soins phlébologiques

Bilan et décision opératoire

Quel est votre cas ?

Une clinique dotée d'équipements de pointe

Intervention chirurgicale

Visite post-opératoire et résultats

Q1. Qu'est-ce que qu'une varice ?

Une varice est une veine en permanence dilatée, tortueuse et dans laquelle le sang circule " à l'envers ", c'est à dire à contre courant. Elle résulte de ce que l'on nomme couramment la maladie variqueuse, encore appelée insuffisance veineuse chronique. Cette affection reste purement localisée aux veines de surface (superficielles) des membres inférieurs, c'est-à-dire celles situées dans la peau et sous la peau, par opposition aux veines profondes qui sont dans les loges musculaires.
L'existence de varices ne préjuge en rien de l'état du reste du circuit veineux et encore moins du circuit artériel. Ce n'est pas parce qu'on a des varices et une insuffisance veineuse superficielle qu'on a une mauvaise circulation…

Q2. Quelle est la différence entre varices et varicosités ?

Les veines superficielles (au-dessus des muscles) sont disposées en 2 plans qui incluent les veines situées dans la peau et celles situées sous la peau (dans la graisse). Celles de la peau se drainent dans les veines de la graisse sous-cutanée et ces dernières dans les veines profondes. Le sens de la circulation normale se fait donc de la surface vers la profondeur, toutes les veines superficielles finissant par rejoindre les veines profondes. L'organisation en 2 plans des veines superficielles explique que leur atteinte puisse se manifester par des symptômes tant cutanés (varicosités) que sous-cutanés (varices).

Q3. De quoi sont faites les veines ?

D'une paroi très fine et très élastique, ce qui leur permet de se dilater considérablement ; mais cette paroi est fragile. Elle est schématiquement composée de 3 éléments principaux qui ont des fonctions différentes :
- La charpente de la paroi veineuse est constituée de fibres élastiques, de fibres collagènes et de fibres musculaires. Ce sont elles qui donnent aux veines leur forme circulaire en tuyau ainsi que leur tonus. La charpente des veines devenues variqueuses est très abîmée, souvent détruite avec un net appauvrissement des fibres élastiques et de collagènes
-La couche interne de la paroi veineuse, celle en contact avec le sang, s'appelle " l'endothélium " : c'est la partie " intelligente " de la veine. Les cellules endothéliales en effet, par l'intermédiaire de messagers chimiques, contrôlent l'état de santé de la veine, réagissent avec les éléments du sang, peuvent induire des modifications de la structure veineuse et commandent le degré de contraction ou de dilatation du vaisseau. L'endothélium est en quelque sorte, le " cerveau " des veines.
- La paroi veineuse comporte également des replis appelés valvules disposées de façon étagée. Ce sont des clapets qui fonctionnent comme une porte à double battant ne s'ouvrant que dans un seul sens, pour fermer le conduit veineux et empêcher le sang de circuler à contre-courant. Elles s'opposent ainsi aux effets de la pesanteur sur la colonne sanguine, dès lors que celle-ci est soumise à la gravité terrestre (position assise ou debout)

Q4. Comment les valvules veineuses fonctionnent-elles?

Lorsque l'on est allongé, les jambes sont au même niveau que le cœur, le sang veineux des membres inférieurs n'est pas soumis à la pesanteur et le retour veineux se fait facilement. Dans ce cas, les valvules flottent librement dans le courant sanguin et leur rôle est nul.
Au contraire, lorsque l'on est en position debout ou assise, les veines des membres inférieurs sont au dessous du niveau du cœur. Le retour veineux se fait alors à la verticale, contre la gravité terrestre. C'est ici que les valvules veineuses interviennent. Elles ne s'ouvrent que dans un seul sens, celui de la circulation veineuse, du bas vers le haut : le poids de la colonne de sang située juste au-dessus d'elles déclenche leur fermeture, empêchant un reflux vers le pied. Les valvules ont donc un rôle essentiel dans la circulation veineuse, surtout en station immobile prolongée, assise (voyage par exemple) ou debout (piétinement sur place), quand les effets de la gravité terrestre jouent à plein. La mesure la plus immédiate pour lutter contre les effets de la pesanteur consiste à lever les jambes au-dessus du niveau du cœur. Cette position permet de vider rapidement les veines des membres inférieurs dans les cavités droites du cœur et de favoriser la circulation de retour, soulageant sans délai les lourdeurs de jambes. Mais on ne peut pas vivre continuellement les jambes en l'air !

Q5. Qu'est-ce qui provoque la maladie ?

Dans la maladie variqueuse et en prenant comme modèle celui du circuit hydraulique, ce n'est pas le moteur qui est défaillant, mais la tuyauterie. Il y a une atteinte de la paroi veineuse elle-même, une atteinte strictement limitée aux veines superficielles des membres inférieurs. Bien que le caractère souvent familial de la maladie suggère l’existence d’une prédisposition génétique, on n’a pas identifié à ce jour un gène ou un groupe de gènes spécifiquement impliqués dans la survenue du processus variqueux.
Il y a des populations, notamment dans le Pacifique, où la maladie variqueuse est quasiment inconnue (fréquence de seulement 0,5 %), alors que dans certaines régions d'Europe près d'une personne sur deux est atteinte. En France, cette maladie concerne 25 à 30 % de la population. En vérité, certains facteurs augmentent le risque d'insuffisance veineuse, d'autres le diminue et c'est la distribution hétérogène de ces facteurs selon les individus et les différentes régions du monde qui explique les variations de fréquence de la maladie variqueuse.
On ne connaît pas avec certitude le mécanisme fondamental en cause. La plupart des chercheurs évoquent aujourd'hui une mauvaise nutrition de la paroi veineuse, notamment en oxygène. En effet, la veine n'est pas un simple conduit, mais un organe vivant à part entière. A ce titre, elle est alimentée tout au long de son trajet par des microvaisseaux nourriciers (appelés vasa vasorum) ; de plus, l'endothélium absorbe par simple diffusion une partie de l'oxygène qui demeure en circulation dans le sang veineux. Cela normalement suffit à nourrir la paroi veineuse. Un déficit de l'endothélium ou des vasa vasorum, définissant une malnutrition chronique en oxygène, sont les hypothèses actuellement avancées. Mais le mécanisme originel précis reste inconnu. Ce que l'on sait, c'est qu'à partir du moment où la paroi veineuse est mal nourrie, elle se dégrade prématurément : l'endothélium se modifie, perdant peu à peu ses capacités " d'organisateur " de la paroi. Lentement, la charpente se déstructure et finalement, la veine dont le tonus autant que la " tenue " se sont dégradés, se dilate et s'allonge.
En se dilatant, les parois s'écartent, entraînant les valvules qui ne vont plus coïncider. La fermeture valvulaire n'étant plus hermétique, le sang veineux des membres inférieurs reflue vers le bas, à contre-courant. La maladie variqueuse s'est installée. Le reflux se propage le plus souvent de haut en bas, le long d'une veine saphène et de ses branches, vers l'extrémité du membre. Il auto-entretient la maladie, aggravant la pression sur les parois de tous les vaisseaux prédisposés à la dégénérescence, lesquels progressivement deviennent variqueux. Ce mécanisme contribue à étendre l'insuffisance veineuse, réalisant un véritable cercle vicieux.



Q6. A quoi servent les canaux lymphatiques ?

Les canaux lymphatiques véhiculent non pas du sang mais de la lymphe. La lymphe, c'est du plasma sans globules rouges, avec des grosses molécules. Le rôle des canaux lymphatiques est d'épurer la partie des déchets tissulaires qui se compose de substances lourdes. Ils sont en quelque sorte des routes pour poids lourds et la circulation y est plus lente que dans les veines. Contrairement au réseau sanguin, les lymphatiques ne forment pas un circuit fermé, mais une simple voie d'évacuation allant des extrémités vers le cœur. Le réseau lymphatique débute au sein même des tissus de l'organisme, où il est ouvert à plein canal sur le milieu liquide dans lequel baignent les cellules. Puis il forme des canaux collecteurs dont le trajet est parallèle aux veines. Depuis les membres inférieurs, les canaux lymphatiques montent vers le thorax et le cœur, comme les veines des membres inférieurs et en suivant la même direction. En certains points de ce parcours, la lymphe s'accumule dans des petits organes de relais : les ganglions. La lymphe se jette finalement dans la circulation veineuse au niveau du cou (veine jugulaire gauche). Les vaisseaux lymphatiques assurent normalement 10 % du total de la circulation de retour. Lorsque la circulation veineuse devient insuffisante, créant un problème d'épuration locale, les lymphatiques sont mis à contribution ; mais leur circulation est lente et leurs possibilités de dépannage sont vite saturées puis dépassées. Les tissus mal drainés gonflent : c'est l'œdème. On parle alors d'insuffisance veino-lymphatique.


Q7. Quels sont les facteurs de risque de l'insuffisance veineuse ?

L'insuffisance veineuse est favorisée par l'immobilité en position assise ou debout et d'une façon générale par la sédentarité : la circulation de retour, dans cette circonstance, souffre cruellement du manque de sollicitation des muscles des jambes. On pourrait ajouter, afin de résumer simplement les facteurs de risques de la maladie variqueuse, que celle-ci est plus fréquente :
- chez les femmes : il y a 3 fois plus de femmes que d'hommes atteints.
- en cas de grossesse : car il existe à cette occasion, une imprégnation hormonale qui favorise l'augmentation de volume de toutes les veines du corps pour nourrir bébé. De plus, l'utérus gravide, de par son volume, exerce une compression sur les vaisseaux du petit bassin, ce qui freine le retour veineux des membres inférieurs.
- chez les personnes âgées : car les veines vieillissent comme tous les autres tissus et s'usent plus vite avec l'âge.
- en cas d'excès de poids : la circulation veineuse, dans cette circonstance, est rendue d'autant plus difficile que la surcharge pondérale s'accompagne souvent de sédentarité.
- s'il existe un terrain familial : car sans qu'il y ait de gènes à varice identifiés, il existe très probablement une prédisposition héréditaire à cette maladie.

Q8. Quels sont les facteurs naturellement protecteurs ?

A l'inverse, des facteurs protecteurs ont été recensés :
- Certaines populations comme celles du Pacifique seraient génétiquement protégées et peu concernées par la maladie, ce qui n'est pas le cas en Europe dans les populations occidentales blanches.
- Certains facteurs alimentaires expliqueraient la moindre fréquence de la maladie dans les pays africains : dans ces pays, on mange beaucoup de céréales, de produits riches en vitamine E et en tonifiants veineux naturels.
- L'exercice musculaire est aussi très protecteur par son effet sur la circulation et dans les régions où la maladie est rare (pays en voie de développement bien souvent), il y a généralement peu de sédentaires !

Q9. Quels sont les symptômes habituels de la maladie ?

A son stade le plus initial, la maladie variqueuse se manifeste de façon très variable :
- par l'apparition de varicosités au niveau de la peau,de varices sous la peau ou les deux ;
- ailleurs par des douleurs circulatoires.
Ces symptômes peuvent être isolés ou associés à des degrés divers.
Les varicosités (ou télangiectasies en langage médical) sont des dilatations très fines (0,3 à 1 mm de diamètre) des veines de la peau. Elles ont la particularité d'être colorées en bleue, rouge, ou pourpre et de former des nappes, des étoiles et des trajets divers plus ou moins disgracieux. Leur préjudice est avant tout esthétique.
Les varices, désordre le plus caractéristique, sont des dilatations des veines situées sous la peau. Outre leur aspect vilain elles peuvent être sources de gêne importante ou de complications : bref elles ont un impact " santé ".
Les douleurs circulatoires sont aussi très fréquentes et se manifestent principalement sous forme de lourdeurs, de picotements, de démangeaisons ou de crampes nocturnes.


Q10. Qu'est-ce qui provoque des douleurs circulatoires de type veineux ?

Les douleurs ne sont pas constantes : 50 % des patients porteurs de signes visibles objectifs, n'ont pas de douleurs et inversement, 40 % des malades qui souffrent de douleurs n'ont pas de symptômes visibles.
Les douleurs le long du tuyau veineux sont dues à la distension qui stimulerait les terminaisons nerveuses de la paroi. L'absence de douleur en cas de maladie évoluée (grosse dilatation variqueuse par exemple) signifierait que les récepteurs nerveux ne répondraient plus, la paroi veineuse étant trop abîmée.
Une théorie récente stipule que les remaniements dont la paroi veineuse est l'objet lorsqu'elle est atteinte, s'accompagnent de la libération dans la circulation, de médiateurs chimiques inflammatoires ; ces derniers seraient à l'origine de douleurs diffuses, souvent mal localisées le long du membre, mais tout à fait réelles.
Certaines douleurs peuvent être aussi d'origine tissulaire, consécutives à l'atteinte de la microcirculation veineuse ; ces douleurs sont dues à la privation d'oxygène dont sont victimes (à un stade avancé) les cellules de la peau et de la sous-peau et à l'inflammation locale. Elles expriment la souffrance tissulaire, après celle de la paroi veineuse, notamment aux chevilles, zones les plus déclives.

Q11. Y a t il dans la maladie variqueuse des risques de complications aiguës?

Certaines varices sont tellement dilatées qu'elles forment des bulles sous la peau. A l'occasion d'un traumatisme elles peuvent éclater et provoquer une hémorragie locale (dans cette circonstance et dans l'immédiat, il suffit de comprimer une dizaine de minutes la zone qui saigne avec un linge propre pour que le saignement s'arrête)
Les varices augmentent le risque de phlébite superficielle. Phlébite signifie inflammation de la paroi veineuse à laquelle s'ajoute la présence d'un caillot qui obture un segment plus ou moins important du vaisseau malade et dont le risque potentiel est de se fragmenter, produisant des embols qui migrent vers le poumon. Superficielle rappelle que c'est une veine de surface qui est atteinte, circonstance moins sérieuse que l'atteinte d'une veine profonde, mais qui ne doit pas être pour autant négligée.
Cette phlébite se manifeste par une douleur locale avec un trajet veineux gonflé, rouge, chaud et sensible à la palpation. Devant ces symptômes, il faut consulter rapidement son médecin ; il prescrira un traitement anti-inflammatoire, éventuellement des anticoagulants en injections sous-cutanées et posera une bande de contention. Dans leur immense majorité les phlébites superficielles guérissent facilement sous traitement et le risque d'embolie pulmonaire grave est pour la plupart d'entre elles absent. Certaines phlébites superficielles rapidement extensives vers les veines profondes ou associées à une phlébite profonde évolutive sont, elles, dangereuses, mais de survenue beaucoup plus rare.


Q12. Quelles sont les complications de la maladie variqueuse à long terme ?

A un stade avancé, la maladie s'étend à l'ensemble des veines de surface des membres inférieurs et dans la partie basse des jambes. Le maintien, au fil des années, d’un reflux continu de sang veineux vers le bas, finit par retentir sur la microcirculation cutanée et sous-cutanée des régions les plus déclives, notamment celles des chevilles.
Le processus de décompensation s’initie quand l’épuration des déchets tissulaires devient insuffisante : les liquides non drainés et en surcharge créent un œdème autour des chevilles. Ce gonflement est d'abord temporaire. Sans correction des anomalies, il devient permanent.
Les canaux lymphatiques sont mis à contribution dès les premiers gonflements. Mais leurs possibilités de suppléance sont vite dépassées.
Quand l'épuration tissulaire cesse d'être effective, des déchets et des toxines s'accumulent autour des cellules et progressivement les asphyxient provoquant une réaction inflammatoire locale, appelée dermite (au niveau de la peau) ou hypodermite (sous la peau).
Les tissus des pieds et des chevilles, les plus menacés car dans les zones les plus déclives, souffrent en priorité. Bientôt des cellules meurent en grande quantité, entraînant l'apparition de taches brunes : c'est le stade de la dermite " ocre ".
A la suite d'un traumatisme, même minime, parfois spontanément, une plaie peut apparaître ; c'est l'ulcère variqueux. Il aura du mal à cicatriser en raison du retentissement local de la mauvaise circulation veineuse. La survenue de plaques d'eczéma peut accompagner l'évolution à chacune de ces étapes. En fait la maladie variqueuse évoluée est davantage qu'une maladie vasculaire : c'est une véritable maladie tissulaire.

Q13. Pourquoi peut-on enlever des veines sans qu'il y ait de conséquences ?

A la différence des veines profondes des membres inférieurs qui sont peu nombreuses, les veines superficielles forment un réseau de communication très étendu, aux ramifications multiples.
Les veines profondes sont les principaux collecteurs du sang veineux. Au niveau des membres inférieurs, elles assurent 95 % du retour sanguin au cœur. Elles sont de véritables " autoroutes veineuses ", en fait aussi peu nombreuses que le sont les vraies autoroutes et aussi précieuses et rares que le sont les artères. On ne peut se passer d'elles et il ne saurait être question, pour une raison ou une autre, de les enlever. Ces veines profondes, qui sont entourées de muscles, ne sont jamais variqueuses. Leur dilatation est exceptionnelle (on parle alors d'anévrisme). Les affections qui les frappent sont d'une autre nature. Lorsque les voies veineuses profondes ne fonctionnent pas correctement, le retentissement sur l'état du membre inférieur est souvent important, sous forme d'une grosse jambe lourde, menacée d'ulcères à répétition et cette situation, dans la plupart des cas, est irréversible.
Le réseau des veines superficielles pour sa part est tout à fait comparable à un vaste réseau de routes nationales, départementales, communales et vicinales connectées entre elles, leur permettant de développer de multiples suppléances et déviations lorsqu'une route n'est plus utilisable. In fine, toutes rejoignent les autoroutes (veines profondes). Mais compte tenu de leur disposition et de leur nombre, l'ablation d'une veine superficielle variqueuse reste sans conséquence sur le retour veineux d'ensemble, ni n'altère la fonction des autres veines.


Q14. La conservation des veines saphènes, dans l'éventualité d'un pontage artériel justifie-t-elle de préserver les veines? Le besoin en greffon veineux est-il réel?

Disons d'emblée que les veines saphènes ne sont pas les seuls tuyaux vasculaires disponibles pour un pontage, que des alternatives techniques existent et qu'une veine variqueuse, n’est de toute façon pas, un greffon de grande qualité. La pratique par ailleurs démontre que la pénurie en la matière reste exceptionnelle. Elle est quasiment nulle pour les pontages des artères du cœur (les coronaires), qui font appel davantage aujourd'hui à des petites artères situées en arrière du sternum : les artères mammaires. Celles-ci sont des greffons de qualité très supérieure aux saphènes (90% de perméabilité à 10 ans contre 50% aux veines). On utilise aussi maintenant, sous certaines conditions, les artères radiales du bras. Un segment veineux supplémentaire reste parfois nécessaire. A ce titre, la préservation d'un segment saphène jambier sur l'ensemble des deux membres inférieurs, assurera l'avenir chez un cardiaque. Notons cependant que l'incidence des sujets à la fois variqueux des deux côtés, (susceptibles donc d'être opérés de façon bilatérale) et en même temps " athéroscléreux ", (susceptibles de devoir bénéficier un jour d'un pontage artériel quelconque), reste inférieure à 3% ! N’oublions pas enfin qu’une majorité de patients bénéficient aujourd’hui des techniques de dilatation des artères coronaires par ballonnet avec pose d’un stent (angioplastie). Bref les alternatives aux veines sont nombreuses.
Toutes les autres artères que nous ne citerons pas ici et qui sont potentiellement l'objet de pontages, reçoivent plus volontiers des prothèses (en dacron, en teflon) que des veines. Pour certaines mêmes, comme la carotide, on enlève l'obstacle, sans le ponter. C'est dire à quel point les circonstances de pénurie en greffon veineux sont désormais rarissimes et influencent peu les statistiques ou les stratégies concernant les revascularisations artérielles...
Conclusion : les arguments qui aujourd’hui justifient de conserver des veines superficielles saines ou peu malades ne sont plus liées à l’éventualité d’un pontage futur mais au terrain de l’opéré : les formes peu avancées de la maladie, notamment celles où les sujets sont des femmes jeunes, en âge de procréer, ou des sportifs assidus, sont d'excellentes indications à une approche conservatrice.

Q15. Existe-t-il un rapport entre cellulite, surcharge graisseuse et varices?

Contrairement à certaines annonces tapageuses ou qui se veulent délibérément accrocheuses aucune étude sérieuse n'a jamais montrée de lien direct entre les deux pathologies. La cellulite est une maladie associant des troubles métaboliques et endocriniens, responsables en certains endroits du corps, d'une surcharge graisseuse des adipocytes (avec parfois rupture de leurs membranes) et d'un épaississement des fibres collagènes avec une composante légèrement inflammatoire. Dans les zones atteintes, la circulation veineuse est parfois ralentie, mais ce serait là plus une conséquence qu’une véritable cause.

Q16. La liposuccion est-elle contre-indiquée en cas de varices ?

Elle n'est pas du tout contre-indiquée, mais il est préférable de traiter les varices avant la liposuccion, car il a été observé une incidence plus élevée d'accidents thrombo-emboliques dans les suites opératoires des interventions qui enlèvent de la graisse.
Traiter préalablement les veines malades contribue à réduire ce risque.

Q17. La grossesse augment-elle le risque d'insuffisance veineuse ?

Oui.Les facteurs hormonaux, mécaniques (compression des veines par l'utérus gravide), volémiques (le débit circulatoire et la masse sanguine augmentent pour nourrir bébé) qui accompagnent la grossesse, accroissent le risque de décompensation veineuse. La grossesse est un facteur déclenchant ou aggravant de la maladie variqueuse extrêmement fréquent, touchant prés d'une femme sur deux.

Q18. Que faut-il faire en cas de poussée variqueuse en cours de grossesse?

Le traitement de base repose sur l'emploi des tonifiants veineux et surtout d'une contention forte. Une surveillance médicale régulière est de mise pour éviter la survenue d'une phlébite, événement le plus redouté.
La phlébite superficielle (souvent nommée « paraphlebite ») est soignée simplement par anti-inflammatoires ou héparines en injection sous-cutanée pendant quelques jours.
La phlébite profonde, surtout si elle survient au moment de l'accouchement ou juste après, est plus ennuyeuse car elle réclame des doses importantes d'héparine qui font courir un risque hémorragique. Pour prévenir ce risque l'héparine est souvent arrêtée 6 à 8 heures avant l'accouchement qu'on s'efforce alors de programmer. L'incidence des accidents hémorragiques dans cette circonstance est de 5 à 10% ; la plupart sont bien contrôlés par les antidotes de l’héparine. L'important est d'être dans les mains d'une équipe compétente.
Pour les femmes qui ont des facteurs de risques connus de thrombose, un traitement par héparine sous-cutané à doses préventives peut être débuté à partir de la 26 - 28 eme semaine jusqu'au moment de l'accouchement, sans majoration du risque hémorragique.

Q19. Lorsque les varices justifient une opération, vaut-il mieux se faire opérer avant le début d'une grossesse, ou au contraire attendre d'avoir mis au monde son (ses) enfant ?

Il faut oublier le vieil adage qui recommandait aux femmes de n'opérer leurs varices qu'une fois l'âge des grossesses passé. Tant que la chirurgie était peu cosmétique, traumatisante, principalement représentée par " le stripping " et les bilans préopératoires peu précis, on pouvait comprendre cette stratégie. Elle n'a plus de sens aujourd'hui. La recommandation est au contraire de soigner les troubles à fur et à mesure qu'ils surviennent, comme on le fait pour les dents ou d'autres affections, pour éviter d’être confronté à une situation où les dégâts apparus deviendraient irréversibles.
Un cas particulier est celui des femmes enceintes pour lesquelles toute opération doit être suspendue jusqu'à environ 2 mois après le retour de couches, période après laquelle les désordres veineux induits par la grossesse ne sont plus spontanément régressifs.

Q20. Peut-on se faire opérer des varices sous anticoagulants ou aspirine et sous quelles conditions ?

Un très grand nombre de sujets, surtout après 50 ans, sont de nos jours sous aspirine à vie du fait d’un athérosclérose des artères du cœur, des jambes ou des carotides pour ne citer que les atteintes les plus fréquentes. En France les coronariens, par exemple, représentent à eux seuls prés de 2.5 millions de personnes (4% de la population). La plupart sont dans un état stable, mais sous la contrainte d’un traitement médical comprenant un ou deux « antiagrégants plaquettaires », des produits ayant pour but d’empêcher la formation d’un caillot obstructif (par les plaquettes sanguines) dans les artères coronaires. La survenue de cet accident serait grave, menaçant d’infarctus ou même de mort subite. L’antigrégant de référence est l’aspirine auquel est parfois adjoint un autre antiagrégant, le clopidrogel (Plavix). Si ces médicaments sont efficaces ils majorent aussi le risque de saignements. Dans la vie courante le risque reste faible. Mais en cas d’intervention chirurgicale il augmente : faut-il alors prendre le risque de suspendre ces produits ? De nombreuses communications et publications ont été consacrées à ce sujet ces dernières années :
Chez les coronariens en prévention primaire (indemnes d’infarctus, de symptômes et non porteurs de stents) on peut suspendre l’aspirine 5 jours avant l’intervention.
Chez les coronariens en prévention secondaire (ayant eu des symptômes, un infarctus ou porteurs d’un stent) l’arrêt de l’aspirine est dangereux. Il faut l’éviter en cas de soins dentaires, d’endoscopies, d’interventions de surface (peau, tissu sous-cutané) et légères. En cas de chirurgie lourde ou délabrante, l’aspirine peut être arrêtée, mais pas plus de 5 jours et doit être reprise dés le lendemain de l’intervention. Enfin chez les sujets à la fois sous aspirine et Plavix, ce dernier doit être impérativement suspendu 5 à 7 jours avant le geste et l’aspirine laissée seule. C’est la règle que nous appliquons en chirurgie variqueuse.
Une autre catégorie de patients cardiaques (porteurs de valves artificielles par exemple, ou ayant des troubles du rythme, le plus fréquent étant la fibrillation auriculaire) suivent un traitement anticoagulant (produits dits antivitamine K comme le Sintrom, le Préviscan, la Coumadine etc.) pour lequel des contrôles réguliers de leur coagulation sont effectués plusieurs fois par an (mesure de l’INR et du taux de prothrombine). Pour les opérations de varices, il est inutile de suspendre ces traitements, comme on le voit faire trop souvent et de prendre un risque sur le cœur. Tant que le nombre des plaquettes est supérieur à 50 000/mm3 (normale 150 à 400 000/mm3) et que l’INR est maintenu entre 2 et 3 (ou le taux de prothrombine supérieur à 25%), le risque hémorragique est quasiment nul.